L'accès digne à l'alimentation au cœur de la délégation des Pays de l'Adour
Essentielle à nos vies, l’alimentation revêt à la fois une facette très intime et individuelle, basée sur des goûts, des identités et des cultures très diverses ; mais aussi une dimension collective, puisqu’elle appelle au partage et à l’entretien des liens sociaux.
L’accès digne à l’alimentation durable et de qualité est une préoccupation clé du Secours Catholique. La délégation des Pays de l’Adour s’est emparée de cette préoccupation et plusieurs initiatives sont menées par des bénévoles sur les trois territoires.
Alors que le droit à l’alimentation reste un droit inaliénable, inscrit dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (art. 25), le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire augmente chaque année. L’alimentation est souvent la variable d’ajustement pour les plus petits budgets.
Sur l’environnement
Le système agricole intensif contribue à la dégradation de nos milieux de vie, de nos écosystèmes. Les changements climatiques entrainent, par ailleurs, une diminution de la productivité des cultures et menacent la sécurité alimentaire.
Sur la santé des consommateurs
Partout dans le monde, on constate que plus la position socio-économique d’un individu est élevée, meilleur est son état de santé.
L’accès à l’alimentation en est un facteur : on retrouve davantage de maladies chroniques parmi les populations défavorisées des pays industrialisés, dont la France. Hausse de la consommation d’aliments ultra transformés, baisse de la consommation de produits bruts et frais, plus les budgets sont serrés et plus les choix sont contraints et pèsent sur la qualité nutritionnelle de l’alimentation.
Sans que cela remette en cause la volonté et les efforts des bénévoles qui y participent, le partage du vécu des personnes qui font l’expérience de l’aide alimentaire nous incite à inventer avec elles d’autres solutions.
Car le fait de demander de l’aide pour se nourrir ou le fait de passer par un dispositif réservé aux personnes en situation de précarité se révèle stigmatisant.
Faire nos courses nous semble banal, c’est pourtant le souhait de nombreuses personnes qui en sont exclues.
L’aide alimentaire a ses limites et finit par entériner les inégalités sociales. Elle devrait être réservée à des situations d’urgence ou temporaires.
© Xavier Schwebel / Secours Catholique
Arrêter toutes les actions liées à l’alimentation n’est pas une solution.
En revanche, le Secours Catholique mène un plaidoyer pour œuvrer à des solutions plus pérennes à moyen et long terme.
L’alimentation étant un puissant levier de transformation sociale et écologique, pour une société plus juste et fraternelle, le Secours Catholique souhaite agir particulièrement, et à travers la construction de projets collectifs, sur le changement de regard et la transformation sociale.
Il s’agit moins de « donner à manger » que de « manger ensemble », moins de « distribuer » que de « partager un repas », moins de « donner » que de « promouvoir » et développer le pouvoir d’agir.
Les actions s’articulent ainsi concrètement autour de jardins partagés, épiceries sociales et solidaires, cuisines mobiles (même un four à pain), paniers frais solidaires, repas partagés, ateliers cuisine. Un véritable appui pour la rencontre, la relation fraternelle et l’accompagnement.
Depuis 2016, des critères pour un accès digne et durable à l’alimentation de qualité ont été élaborés :
Les projets doivent ainsi :
Proposer des conditions d’accueil dignes, conviviales et chaleureuses tout en prônant le libre choix de son alimentation, le respect des habitudes alimentaires et un accès à une alimentation saine et de qualité.
- Être ouvert à tous, pour éviter toute stigmatisation.
- Être collectif et participatif, en impliquant toutes et tous à l’élaboration et au fonctionnement du projet.
- Être ancré dans un territoire et contribuer à la vie locale et son dynamisme.
- Être respectueux d’une alimentation durable, issue de modes de production durable avec une juste rémunération des producteurs et productrices.
Dans le Béarn, le jardin partagé de Soumoulou fournit des légumes à l’épicerie solidaire.
Dans les Landes, les paniers solidaires frais de Saint-Vincent-de-Tyrosse permettent un accès digne à une alimentation de qualité, favorise le lien social, ont un impact sur la santé, le bien-être, l’estime de soi.
Ces actions permettent également de soutenir la production locale puisque les paniers sont fournis localement par des maraîchers bios à Mimizan, l’AMAP de Tyrosse, encore Cultures Solid’ères (un atelier d’insertion par le maraîchage à Saubion).
Au Pays Basque, en partenariat avec la ferme Uhaldia, des personnes engagées dans un parcours d’insertion ont la possibilité de retrouver l’autonomie et la dignité dans leurs choix alimentaires.
Grâce à l’approvisionnement et la distribution de produits bios locaux, des ateliers de partages et de savoir-faire, ainsi que la mise à disposition d’une parcelle de la ferme pour permettre à des personnes en situation de précarité alimentaire de cultiver des légumes biologiques, les liens entre tous les acteurs sociaux, alimentaires et agricoles sont favorisés.
Le 5 décembre 2023 a eu lieu à Hasparren une journée de coopération sur la question de la démocratie alimentaire, en partenariat avec la ferme d’insertion Uhaldia et le CIVAM BLE.
Au programme :
Le matin, la conférence gesticulée de Mathieu Dalmais a permis de présenter les travaux autour du projet de la sécurité sociale alimentaire.
L’après-midi, au sein d’ateliers de co-construction solidaire, les participants ont échangé et réfléchi à des actions concrètes pour proposer un système d’accès à une alimentation saine et de proximité pour toutes et tous.