Le témoignage de Nicolas en immersion à la maraude de Dax

Nicolas, jeune journaliste et nouveau bénévole au Secours Catholique de Dax, a fait une immersion durant une soirée cet été au sein de la maraude.
Il vous propose son témoignage.

Il est 19 heures ce soir quand sonne la cloche de l’église Saint-Vincent-de-Xaintes à Dax et me voilà qui arrive d’un pas engagé aux abords de l’édifice. Il y règne une certaine agitation où se mêlent rires et discussions passionnées, le tout dégageant une espèce de chaleur humaine qui m’attire autant qu’elle me questionne. Nous sommes le mercredi 24 juillet et j’assiste à la première maraude de ma vie. Je suis tout de suite attiré par des bénévoles reconnaissables par leurs gilets bleus de la couleur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul qui organise ce rendez-vous hebdomadaire.

Je tisse mon premier lien avec Karun, un bénévole à qui je dois mon accueil dans la bienveillance et la patience de répondre à toutes les questions qui traversent mon esprit. Je comprends alors qu’il s’agit d’une maraude fixe existant depuis bientôt deux ans dont le point de départ fondateur se situe au réveillon 2022 : tel un lanceur d’alerte, Vilhem, membre de l’association, dresse le triste constat d’un nombre important de personnes n’ayant pas les moyens de se nourrir. Il va à leur rencontre pour leur donner rendez-vous le soir même au pied de l’église avec l’assurance d’y trouver un repas chaud. L’expérience est réitérée le soir du 31 décembre, et depuis, bien plus qu’un repas, ce temps est devenu un réel moment de partage et d’écoute. Karun me détaille une organisation simple et participative où la préparation du repas incombe aux bénévoles à tour de rôle, un moyen de ne pas faire reposer la responsabilité sur une seule et même personne mais aussi une façon de laisser s’exprimer les spécialités de chacun du salé au sucré. Tout le monde met la main à la pâte à tel point que même ceux qui reçoivent se prêtent à ce moment de partage. Stéphane et Sébastien montrent l’exemple ce soir-là, ils paraissent animés par un tel engouement que je les perçois comme un binôme hors-pair !

Pour évoquer l’ambiance, je vais à la rencontre du Frère Antoine qui me confie que la constance de la présence couplée à l’écoute sont les deux piliers qui ont permis de tisser la confiance des « accueillis ». Ce terme pour faire référence aux personnes dans le besoin m’a particulièrement touché, il répond selon moi parfaitement à la situation et résume en un mot le fond de cette initiative. J’apprends que beaucoup viennent avec l’espoir d’y trouver une oreille attentive, bienveillante et comme je l’ai remarqué sur tous les visages des bénévoles, un sourire apaisant dans un quotidien semé d'embuches. Le résultat se présente devant moi : des petits groupes se forment et certains prennent le courage de se confier, de libérer leurs paroles. En tant que réponse, les bénévoles ont conscience que c’est leur écoute qui apporte le plus de réconfort, m’indique Frère Antoine dont je trouve sa bonne humeur follement contagieuse.

Jean, le dernier bénévole présent ce soir-là, m’indique que des dérives restent néanmoins possibles, d’où la nécessité de veiller à bien encadrer le groupe pour éviter toute escalade de tension. Il tempère ses explications en faisant échos aux propos de Frère Antoine sur les valeurs de présence et d’écoute : les accueillis expriment souvent des remerciements et de la reconnaissance pour la proximité, le lien et le temps consacré durant ces maraudes.

Je termine ma première immersion en ralliant les bénévoles sur la place du marché à Saint-Paul-Lès-Dax où d’autres personnes dans le besoin ont été identifiées dans le secteur. Peu de monde ce soir-là, « la plupart nous ont déjà sûrement rejoint directement à Dax » m’indique Frère Antoine. Je ne peux m’empêcher d’éprouver de la joie à l’idée d’avoir découvert l’organisation de cette maraude à laquelle j’espère prêter de mon temps les semaines suivantes. Précaire et instable, j’ai conscience de la situation des personnes qui sont venus à notre rencontre. Malgré tout je reste heureux de savoir que certains s’en sortent et vont de l’avant, une lueur d’espoir face à une fatalité que l’on souhaiterait voir se redessiner dans un avenir plus lumineux. Car il me restera de cette rencontre un éclat de vie, une impression de chaleur que je m’efforcerai de rendre palpable à celles et ceux qui en ont le plus besoin.

 

Vous souhaitez rejoindre l’équipe de la maraude au titre du Secours Catholique :
Contactez Charlotte au 06 77 87 02 62 ou par mail charlotte.gaillard@secours-catholique.org